Pangotrip aux Salons Solutions (3) : aux grands mots, les grands remèdes ?

Ces mardi 11 et mercredi 12 octobre, la Pango Team vous donnait rendez-vous Porte de Versailles, dans les halls accueillant les salons Solutions. Un aréopage de professionnels consacrés à la transition digitale des entreprises nous y attendait, micro à la main, exposés sur leurs dernières innovations numériques au bord des lèvres. Agences marketing, éditeurs de logiciels de gestion, cabinets de consulting, médias B2B… Des espaces partagés entre une belle variété de domaines professionnels, ça promet de la découverte ! Surtout en appui de cinq thématiques aussi foisonnantes que les ERP, le CRM, la dématérialisation, les e-achats et la data. 

Le crédo ? Tout est dans le nom de l’événement, bien sûr : mettre en avant les solutions proposées par les entreprises pour faire face aux problématiques entrepreneuriales d’aujourd’hui et de demain. Ou, plus précisément, à “l’inflation des données issues des objets connectés et la nécessaire automatisation de leur traitement, l’usage de l’ERP pour la gestion des ressources du CO² pour optimiser l’empreinte carbone, la prise en compte de l’évolution normative et l’essor de l’intelligence artificielle pour faciliter l’usage.” Selon les propres termes du salon, extraits de leur site web – dont l’interface mériterait quelques ajustements, oserons-nous suggérer.

Organisé simultanément au sein des mêmes locaux, le salon Mobility for Business, quant à lui, revendique de mettre en avant les innovations et applications mobiles présentes et à venir pour les entreprises. Un peu plus de 150 exposants rassemblés conjointement sous ces deux enseignes, ça ne laisse aucune place au doute. Infopromotions du groupe Solutions souhaite redynamiser les secteurs de l’entreprise impactés par les résidus de la crise sanitaire. Que de bonnes intentions, que nous espérons menées à bien…

Comment on s’organise ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le staff des salons Solutions se montre particulièrement bienveillant avec les visiteurs. Des visages si rayonnants et affables installés à l’accueil, c’est tout de même une bonne bouffée d’air frais. Surtout lorsque l’on guette le moindre petit sourire dans les bouches du métro parisien. Tous les efforts sont déployés pour éclairer la lanterne des nouveaux arrivants. Une petite équipe installée dans l’espace presse assure même sa veille toute la journée, disposée à porter assistance à la moindre difficulté rencontrée par les journalistes.

Et on ne peut que la remercier pour son efficacité et son empressement à corriger pas mal de problèmes d’organisation, malheureusement assez manifestes. Qu’il s’agisse de confusion dans l’attribution des badges, de stands introuvables, de communiqués extrêmement rares ou d’un cruel manque d’informations sur certaines sections du site web. Sur site, il demeure aisé de circuler et de trouver les stands que l’on recherche. Un court descriptif fait malgré tout défaut à un trop grand nombre d’exposants et de conférences. Il devient particulièrement dommage de planifier certaines horaires en ne se fiant qu’au titre des conférences.

À raison de neuf salles dédiées à leur tenue, les cinq thématiques abordées ne le sont que plus exhaustivement, il faut bien l’avouer. La tenue simultanée de plusieurs conférences n’est jamais un problème, dans la mesure où chaque visiteur y trouve son compte selon ses propres intérêts. L’intention peut pourtant vite s’avérer trop ambitieuse si elle n’est gérée que par une équipe de trois techniciens. “Switcher entre autant de conférences à la fois, ça finit quand même par être stressant” nous confie l’un deux. Un calvaire pour ceux-là, qui devient un handicap pour les journalistes souhaitant se connecter aux consoles, qui n’est rien face à l’inconfort de visiteurs pouvant mal entendre certaines interventions. Et ce n’est pas faute de la part des ingés son, encore une fois, de faire du zèle et de se dépatouiller comme ils le peuvent avec les ressources à leur disposition. Chapeau bas.

Trop d’ambitions, donc, pour un salon professionnel ? La déconvenue de certains exposants pourrait en faire foi. “Comment augmenter votre rentabilité de 10 % en quelques clicks ?” promettait, entre autres, le titre d’un atelier proposé par l’éditeur de logiciels juridiques Legal Suite, mercredi à 9h30. Annulé, du fait d’une trop faible participation. Une évidente déception pour l’entreprise, dont les animatrices ont « fourni un gros travail, conçu toute une présentation et se sont déplacées, malgré des emplois du temps très chargés » se consterne le responsable marketing Laurent Cohen de Lara. C’est malgré tout pleins d’assurance que les employés restent à leur poste pour promouvoir leurs solutions à un public, il faut l’avouer, assez peu nombreux par rapport à la taille du salon.

Qui va-t-on voir ?

On peut au moins se dire que les exposants redoublent d’effort pour mettre en avant leurs innovations, méthodologies et autres solutions. Accueillants, enthousiastes, pas un ne manque de nous assurer de la fiabilité de ses technologies et de leur parfaite intégration dans les stratégies d’entreprises. “Référence en matière d’accompagnement retailing” peut-on entendre par ici, “une démarche plus innovante que jamais en faveur de l’expérience utilisateur” par là, de la part d’autant d’entreprises que nous préférons garder anonymes du fait de leurs refus d’interview quasi-systématiques. Une position parfaitement compréhensible, qui jette tout de même légèrement le doute quant à la franchise de certains discours de présentations qui nous sont parvenus.

Pure timidité ou tenue quelque peu guindée imposée par la nature B2B de l’événement ? Peut-être un certain mépris envers de jeunes journalistes a priori inexpérimentés ? Avouez que nous voir congédiés d’une petite tape condescendante dans le dos par une agence marketing concurrente de Pango a de quoi stupéfier. “Que gagne-t-on à un échange d’expérience avec une jeune entreprise ?” nous laissons-nous dire. Ne voir dans un salon que des opportunités de marketing et d’ostension, voilà qui n’est pas très humain, ni dans l’esprit du salon…

Les entreprises, pourtant, ne manquent guère d’opportunités d’interagir entre elles. Notamment lors de nombreuses conférences accueillant des speakers issus d’une pluralité d’entreprises. “L’expérience client possède autant de définitions qu’il y a de marques” affirme Olivia Faucheux (Oracle) lors d’un échange à cinq voix sur “Le CRM un écosystème ou une brique essentielle de l’expérience client ?” Une définition que l’on appliquerait aussi bien au CX qu’aux stratégies d’entreprises, toute success story ne reposant pas sur les mêmes bases.

Encore quelques petits regrets subsistent par rapport à la nature de ces échanges d’expériences, trop centrés sur les intervenants d’une part, trop complaisants les uns par rapports aux autres d’autre part. Le public, pourtant constitué de professionnels, participe assez rarement aux échanges hors séquences questions-réponses, qui ne sont même pas systématiques. Si les exposés brillent par leur justesse et l’inspiration qu’ils peuvent apporter, il ne s’agirait pas de les voir comme monolithiques… Tout comme se nuancer mutuellement peut se faire dans la plus grande bienveillance. Or, les co-intervenants des conférences à plusieurs voix ont plus tendance à apporter des compléments d’information qu’à tempérer leurs homologues. Ce qui nous fait quelque peu regretter un certain manque de débats d’idées entre professionnels dont on ne ressent que la similitude des parcours, plus que leur diversité. 

Infopromotions illustre les Salons Solutions par la variété des innovations proposées par ses invités, c’est certain. Une diversité dont on aurait mieux profité avec davantage d’organisation et une plus grande variété d’opinions. Inutile d’essayer de les faire concorder autour du buffet de champagne dressé en fin de journée, tant on a l’impression qu’elles l’ont déjà fait ! 

Un reportage de Lothaire Berthier & Corentin Nadjar-Leguy